Vis ma vie de jeune auteur...2/3

Suite de l'article : Vis ma vie de jeune auteur...1/3

Après la désillusion de L'Homme Sans Nom commence une période de creux. Au cas où, j'envoie le projet à la Commission d'aide à la bande dessinée (en Belgique) pour avoir une bourse et pouvoir retravailler le scénario. On me répond que cette commission ne donne des bourses qu'à la Bande dessinée de "création". (- Ah ? Pardon je croyais que...non ?)

Selon eux, mon style est trop "commerciale" et il faut plutôt que je présente le projet aux maisons d'éditions. Sans blague ?

Passons. Je prends quelques semaines pour réaliser 5 planches du Révérend T2 même si la situation éditoriale et financière n'évolue pas (Les lecteurs veulent la suite, moi aussi, il faut bien s'y mettre). 


Puis, je dessine une histoire courte qui parait dans un sketchbook le 2 mai 2014 aux éditions FASM.  Une histoire au ton un peu plus humoristique et énervé qui me fait du bien.



Le sketchbook reprend également beaucoup de croquis et de recherches réalisés pour L'Homme Sans Nom, une belle manière de donner vie à un projet avorté.

Sketchbook que vous pouvez commander en cliquant ici
(pas cher, chic et bien rempli !)

Je fais également quelques essais sur des scénarios qu'on me propose, dans des registres parfois bien loin de ce que je fais habituellement.





Mais ça ne me convient pas. J'ai la malchance de dessiner avec les tripes (et non pour des motivations financières), si ça ne me fait pas vibrer, je n'y arrive pas.

A cela vient s'ajouter l'ambiance morose du milieu de la BD. En festival, quasi tous les auteurs sont d'accord: le métier va mal, la profession est en train de crever et la plupart des auteurs n'ont plus aucun avenir décent. Sur le net, ce n'est pas mieux, ça grogne et ça gueule, rien de mieux pour se motiver...

Mon premier pied dans l'univers de la BD se solde par la faillite de mon éditeur, à un moment où tout le monde semble d'accord pour dire que c'est la merde. Comment réagir à ça ? Monter un nouveau projet ?

J'apprends à ce moment là que le mot "projet" est le mot le plus utilisé dans les manuels de management en entreprises, alors qu'il y a quelques temps, le mot le plus utilisé dans ces manuels était "hiérarchie".

J'en ai marre de faire des "projets".
Un projet, ça se projette. Une histoire, ça se raconte.

J'entre donc dans une nouvelle phase du cycle infernal.
Phase 2 : La colère.


C'est une phase d'égoïsme et de rage où je décide d'envoyer le reste du monde se faire foutre pour me concentrer uniquement sur ce que j'aime : raconter des histoires.
J'arrête donc d'écrire des synopsis, car un synopsis ne vaut pas beaucoup plus qu'une promesse électorale. Je décide de storyboarder intégralement une histoire que j'ai écrite en 2011: Sunburn Kid.


Un western de 108 pages en petit format.


108 pages, c'est pas rien. Au début, j'espère réalisé le découpage en un mois mais je comprends vite que ça me prendra bien plus longtemps. Je me laisse une grande part d'improvisation, je cherche, j'essaye, j'avance et je me rappelle enfin pourquoi j'aime tant faire de la BD. C'est la dernière étape du cyle.

Phase 3 : L'amour du travail.
(oui, c'est beau.)


Je suis fait pour ça, voilà pourquoi je me lève chaque matin.
Faire de la BD n'est pas mon rêve, non, c'est mon métier.

Trois extraits du découpage :



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Finalement, réaliser l'intégralité du découpage m'aura pris plus de trois mois. Heureusement, entre-temps l'éditeur du Révérend a été racheté et le nouvel éditeur me règle toutes les dettes en cours. Une bouffée d'air qui ne fait pas de mal. Et mener à bien cette histoire (et non pas ce projet) m'enlève un poids.

Arrive déjà le festival Quai des Bulles à Saint-Malo, on est en octobre, l'année passe et toujours aucun contrat en poche... J'imprime donc mon découpage et je vais gaiement voir les éditeurs avec une histoire sous le bras. J'ai un rendez-vous programmé, c'est bien ça, les rendez-vous.

Non ?




- Vis ma vie de jeune auteur -
La suite au prochain épisode : ici.

1 commentaire :

galien a dit…

C'est dur de sentir toute cette souffrance, de la partager aussi d'ailleurs (j'ai même pas encore eu de contrat, juste quelques boulots par-ci par là...)
Mais tu n'as rien à te reprocher : tu as été pro en réalisant le travail que tu voulais faire, sans jouer à la diva.
Ne baisse pas les bras car ce que tu fais est un travail de qualité qui mérite d'être vu, comme tu le soulignes, c'est fait avec les tripes.
C'est toujours facile de dire ça, mais c'est sincère.